Abbé PIBOUIN

Abbé PIBOUIN

L’abbé PIBOUIN fut, après la tourmente révolutionnaire, le premier curé de Réaumur. Il s’employa constamment à développer parmi son peuple le culte de la Très Sainte Vierge.

 

Né à Chalandry dans la Manche, ce saint prêtre, dont la mémoire est l’objet d’une inaltérable vénération dans la paroisse, en était déjà vicaire en 1785. Il était moine génovéfain de la congrégation de Sainte Geneviève, ainsi que les prieurs de Réaumur. Le Prieuré relevait de l’abbaye de Mauléon.

 

Lorsque vinrent les jours de malheur où nos ancêtres dans le sacerdoce eurent à choisir entre l’apostasie et la mise hors la loi, il refusa noblement de prêter serment à la constitution civile du clergé. Résolu à ne point abandonner des paroissiens auxquels le tenaient attaché, non moins que les exigences du devoir, le dévouement et l’affection qu’il avait voués, il dut, pour se soustraire au danger d’une arrestation devenue imminente, se tenir caché quelques temps au village du Plessis, dans un souterrain d’où il ne sortait que pour aller, lorsqu’il le pouvait sans trop d’imprudence, célébrer la sainte Messe au village de la Rousselière. Mais dénoncé bientôt par un patriote étranger à la paroisse (personne, dans Réaumur, n’eut été capable de cette lâche et odieuse délation) il se décida enfin, on ne sait à quelle date précise, à quitter le pays. Arrêté peu après, il fut incarcéré dans les prisons de Vannes. Comme il avait alors plus de soixante ans, c’est vraisemblablement à cet âge avancé qu’il dut de n’être pas condamné, comme tant d’autres, à la déportation ou à l’exil. Ce ne fut qu’au bout de onze mois de détention, le 19 floréal de l’an II (8 mai 1794) qu’il recouvra la liberté, en vertu d’un acte d’élargissement signé de l’officier municipal GIRARDIN, après avoir déclaré au procureur-syndic qu’il choisissait la ville de Vannes pour lieu de sa résidence. C’est là qu’il vécut en effet, pendant une dizaine d’années, d’une sorte de vie commune avec quelques autres prêtres aussi dénudés de ressources que lui.

 

Or, dans les premiers mois de 1804, la nouvelle étant parvenue à Réaumur qu’il vivait encore, les habitants firent aussitôt d’instantes démarches pour l’obtenir comme curé. Leur requête ayant été agréée, sans perdre de temps, l’un d’eux, le père Vendée, un vétéran dont le nom prédestiné figure avec honneur dans les annales de la Vendée militaire, selle ses deux meilleurs chevaux et part à la grâce de Dieu, à travers des chemins souvent impraticables, pour aller quérir dans une ville vers laquelle on peut croire qu’il eut à se faire orienter plus d’une fois… Quinze jours plus tard, l’abbé PIBOUIN repassait triomphalement au milieu de ses paroissiens qui tous versaient des larmes de joie en revoyant, après une longue absence de dix années, le vénérable confesseur de la foi. Mais leur bonheur fut assez éphémère: la mort du saint homme, survenue en 1811, fut, dit-on, un vrai deuil pour toute la contrée. (Extrait de la notice historique de N.D. De Réaumur de 1945).