Ernest THOMAS

Ernest THOMAS

Discours composé par M. Ernest THOMAS, directeur de l’école, à l’occasion de la bénédiction de l’école de garçons le 11 novembre 1928. 

   « Monseigneur, Comme il y a 10 ans, du haut de la vieille tour qui garde leur voix éternellement jeune, les cloches de Réaumur ont fait retentir tout à l’heure les accents joyeux d’un hymne d’allégresse.
          En cette journée du 11 novembre 1928, nous ne pouvons éviter de faire un rapprochement. Il y a 10 ans ce matin, une joie profonde et bien justifiée emplissait tous les cœurs. Le 11 novembre 1918 marquait pour l’humanité, pour la France, pour notre petite paroisse la fin d’une ère de deuil et de sacrifices, le commencement d’une ère de vie et de paix.
          La fête du 11 novembre 1928, fête du souvenir est aussi pour nous, habitants de Réaumur la fête de l’espérance. Sans doute nous ne cherchons pas à comparer les sacrifices consentis par les familles de notre chrétienne paroisse pour voir se réaliser le rêve de leur Pasteur, aux souffrances endurées par ses enfants engagés dans la grande tourmente. La comparaison n’est pas là. Elle est dans la joie qui déborde de nos cœurs à 10 ans d’intervalle, joie profonde, mais de nature différente.
          De plus nous sommes persuadés Monseigneur, que le rappel d’une date glorieuse entre toutes, dans les annales de l’Histoire de notre pays, ne peut manquer d’être agréé par l’Evêque qui a eu l’idée très noble de faire construire un temple où l’on va prier pour le repos de l’âme des Vendéens tombés au Champ d’Honneur.
         Depuis longtemps déjà, notre Pasteur rêvait lui aussi d’élever un temple, un temple où Dieu occuperait également la première place, un temple où les parents chrétiens enverraient leurs enfants, afin que ces derniers puissent recevoir en même temps que l’utile et nécessaire enseignement profane, l’indispensable enseignement religieux. Désir d’apôtre, que la prière, le sacrifice et le dévouement ont permis de réaliser.
         Et puis, il est chez nous des âmes généreuses auxquelles on ne s’adresse jamais en vain, lorsqu’on a en vue quelque bonne et grande œuvre. M. le curé trouva de suite, auprès de celles-ci, les encouragements et le secours dont il avait besoin, secours qui se traduisit par le don d’un magnifique terrain et les premiers fonds destinés à la construction de l’école. Grâce à la générosité de ces bienfaiteurs de la première heure, auxquels nous adressons aujourd’hui, ainsi qu’à M. le Curé l’expression très vive de notre gratitude, notre pasteur put annoncer publiquement son intention de faire bâtir une école libre.
         Et ce fut alors au tour de la population de montrer sa foi et sa générosité, ce qu’elle fit d’ailleurs avec empressement et dignité. C’est ainsi qu’après avoir déposé leur obole aux pieds de Sainte Thérèse, les gens, rivalisant entre eux de zèle et d’entrain, amenèrent à pied d’œuvre tous les matériaux nécessaires à la construction.
         Faut-il citer le beau geste des jeunes gens de Réaumur, venant eux-mêmes creuser les fondations du futur établissement.
         Bref! Moins de deux ans après le premier appel, une école superbe, placée sous le vocable de Sainte Thérèse de Lisieux, voyait accourir entre ses murs des groupes nombreux de petits enfants, envoyés par leurs parents très chrétiens.
         Le rêve de notre Pasteur s’était réalisé pour le plus grand bien de notre paroisse. Telle est en quelques mots, Monseigneur, l’histoire de notre école. Cependant, jusqu’ici notre bonheur n’était pas complet. Votre présence parmi nous, Monseigneur, les bénédictions qu’au nom de Dieu vous apportez à notre école, les diverses marques d’intérêt que vous voulez bien nous témoigner, répondent entièrement à nos vœux et comblent tous nos désirs.
         En temps que premier pasteur du diocèse, votre sollicitude s’étend à tous, mais nous savons qu’elle s’étend d’une façon particulière à nous, les petits. Nous savons quelles places tiennent dans vos affections, les écoles catholiques.
         Aussi, il nous est très doux de Vous remercier et de formuler à la suite de ce merci, notre ferme propos: celui de rester toujours fidèles à notre religion, à nos pasteurs, à notre Vendée, aux consignes qui nous sont tracées par nos prêtres et nos maîtres.
        Avant de terminer, Monseigneur, permettez-nous d’offrir à M. l’abbé GOUIN nos meilleurs vœux à l’occasion de sa première visite à Réaumur.
        Avant d’occuper les importantes fonctions auxquelles vous l’avez appelé, nous savons qu’il déploya un zèle très grand auprès de la jeunesse des grands collèges de la capitale, ainsi qu’auprès de celle de Vendée.
        Aussi, c’est bien respectueusement et bien sincèrement que les jeunes de Réaumur, au nom de leur paroisse tout entière, lui offrent leurs meilleurs souhaits de bienvenue, tout en souhaitant de le revoir chez eux auprès de Votre Grandeur. » 
 
Discours de Monsieur Ernest THOMAS prononcé à la fête sacerdotale de M. l’abbé ROTURIER.
 
               « Monsieur l’abbé,
Au soir de cette belle journée du 5 juillet 1931, journée qui s’inscrit en lettres d’or dans les Annales Religieuses de la paroisse de Réaumur, à la fin d’une semaine remplie des plus pures émotions, pour vous et pour tous ceux qui se sont intéressés à votre entrée dans le sacerdoce, il semble que l’heure de la paix et du recueillement soit arrivée, l’heure où l’âme cherche la solitude pour se reposer dans le souvenir des heures écoulées. Il semble… et pourtant ce n’est pas… Voici en effet les habitants de Réaumur, réunis à nouveau comme s’ils regrettaient de voir s’achever si tôt un si grand jour…
Chargé d’être l’interprète de tous ceux qui vous entourent, je demeure confus en pensant à l’importance de la tâche qui m’est assignée. Il faudrait pouvoir employer le langage des saints pour dire ce qu’il y eut de pur, de profond, dans la joie éprouvée par tous vos amis de Réaumur au cours des heures bénies qui viennent de s’envoler.
Me remémorant ces heures, je revois… Luçon, en la fête de l’apôtre Pierre… Je revois les cérémonies si belles et si touchantes de votre ordination… Luçon, les promesses solennelles, le vœu fait à Dieu dans l’intimité de votre cœur, d’employer toutes vos forces, toute votre activité, tout votre amour, à le servir et le faire aimer.
Luçon, dans l’enclos de ce grand Séminaire qui a vu se développer votre vocation, vos parents, vos amis sont réunis. A genoux ils reçoivent, Dieu sait avec quelle émotion, votre première bénédiction. Intense et sublime beauté du sacerdoce ! Ah ! Qu’on se sent loin ici des petites mesquineries de notre pauvre existence terrestre, combien puériles et misérables nous apparaissent les objets habituels de nos tourments et de nos préoccupations !
Puis, c’est le retour au pays natal… Ce sont les premières messes célébrées dans la vieille église, témoin et confidente de vos premiers rêves d’apostolat. Ce sont les cérémonies grandioses de votre première messe solennelle.
Il n’est pas dans mon rôle d’exprimer cette beauté et cette grandeur du sacerdoce. Seul, un prêtre peut vraiment comprendre ce qu’il y a de noble, d’élevé, dans la mission qu’il s’est tracée. Monsieur le curé de Réaumur a d’ailleurs défini de façon magistrale la grandeur de cette mission.
Ma tâche consiste à vous dire ce soir le bonheur, la fierté de tout Réaumur, et à vous offrir en même temps que nos félicitations, nos vœux et souhaits pour l’avenir.
C’est un grand bonheur, en même temps qu’un grand honneur pour une paroisse chrétienne que de voir l’un de ses enfants consacrer sa vie à Dieu. C’est un honneur et en même temps une source de bénédiction.
Si d’une part, vous avez eu au ciel de puissants intercesseurs en la personne de Celle qui a son sanctuaire dans notre paroisse, de la Vierge tant aimée, en la personne aussi des deux êtres chers que Dieu a ravis à votre affection, avant de faire de vous à la suite de ce douloureux sacrifice, un de ses enfants d’élection, vous avez eu également ici-bas, les prières, les encouragements, les exemples du Pasteur de votre paroisse, pour qui cette fête est comme une anticipation du bonheur promis aux élus. Vous avez eu les prières et les encouragements d’une famille très chrétienne, les prières et les sacrifices de vos amis, des tout-petits en particulier, qui ont prié avec toute la ferveur dont leur âme est capable.
Et maintenant, ayant reçu l’holocauste de votre cœur et de votre volonté, Dieu, en la personne du Premier Pasteur de notre diocèse, va vous confier une partie de son troupeau.
Dans quelques jours, vous nous aurez quittés pour remplir vos obligations envers les âmes.
En quelque lieu que vous alliez, nos prières et nos vœux vous suivront : nous serons également toujours heureux de vous revoir parmi nous, lorsque votre ministère vous laissera quelque répit.
Que Dieu bénisse vos efforts, votre apostolat, qu’il vous comble de ses grâces et, vous gardant en bonne santé, vous permette de donner libre cours à tout le zèle dont votre cœur déborde ; qu’Il vous soutienne dans les luttes inévitables de votre vie sacerdotale. Qu’Il vous récompense un jour de tout le bien que vous aurez fait ici-bas.
Maintenant encore, je me plais à offrir au nom de la paroisse de Réaumur mes humbles et respectueuses félicitations à ceux qui ont été vos guides et vos soutiens dans votre ascension vers les cimes du sacerdoce.
…A Monsieur le curé de Réaumur qui se voit récompensé en ce jour de tout le dévouement, de toute la sollicitude, de toute l’affection dont il a entouré votre vocation.
…A votre famille qui, comprenant ce qu’il y avait de grand, de noble dans votre rêve, a multiplié ses encouragements et ses sacrifices.
…A Monsieur l’abbé BRIANCEAU, votre digne et cher camarade de Séminaire que nous aurons le bonheur d’accompagner à l’autel l’an prochain.
Je salue d’une façon toute spéciale Monsieur l’abbé BODIN, curé de Montchaude qui, le premier, ayant montré aux enfants de Réaumur la bonne voie, éprouve aujourd’hui une joie sainte en voyant que son exemple a été suivi.
En terminant, je formule un dernier vœu : celui de revoir très rapprochées des cérémonies semblables à celles auxquelles nous avons assisté aujourd’hui. Que Réaumur soit une paroisse de vocation. Que chaque année des jeunes se lèvent pour suivre la voie qu’une élite entre les élites leur a tracée. C’est notre désir à tous ; c’est le désir ardent de notre Pasteur. Ce sera avec l’aide de Dieu la réalité de demain.
 
 Le curé de l’époque, Léon Prunier, arrivé à Réaumur le 10 mars 1912, écrira dans le bulletin l’Hirondelle : « …ce fut un discours vraiment magistral riche de style et de pensées, donné d’une voix chaude et vibrante de foi par Monsieur Thomas, directeur de l’école.» « L’Hirondelle se fait un plaisir de donner ce discours. Nul doute qu’il ne soit lu et goûté comme il fut entendu, à la satisfaction de tous les amis de ce bulletin. »
 
 
Discours de M. Ernest THOMAS, prononcé à la Fête Sacerdotale de l’abbé George BRIANCEAU(1) le jour de Pâques, en mai 1932.
 
                              « Monsieur l’abbé,
          A moins d’un an d’intervalle, deux cérémonies à la fois simples et grandioses, empreintes de la même signification, se sont déroulées dans notre vieille église.
          Il y a quelques mois, le peuple de Réaumur, fier d’un tel honneur, assistait avec émotion à la première messe solennelle dite par l’un de ses meilleurs enfants, M. l’abbé ROTURIER(2). Ce matin, ce même peuple s’empressait de venir vous témoigner sa respectueuse et ardente sympathie à l’occasion de votre élévation au sacerdoce et de votre première messe.
          Ainsi, M. l’abbé voilà votre grand rêve réalisé. Vos pensées se reportent tout naturellement en ce jour vers les années écoulées.
          Premier appel de votre Dieu qui vous demandait de consacrer votre vie au salut des âmes. Encouragements, directives, prières aussi de votre Pasteur qui vit aujourd’hui intensément une journée de sainte allégresse. Encouragements, conseils et prières de votre famille bien aimée et si chrétienne pour qui ces heures, comme celles d’hier renferment quelque chose de divin. Joies saintes du vieux papa, de la vieille maman, des frères et sœurs, qui toute leur vie conserveront dans leur cœur le souvenir de ces instants mémorables entre tous. Langage muet et pourtant si éloquent des larmes de vos amis, larmes brûlantes parce que réchauffées au foyer béni de la grâce et de la charité. Chaque minute du présent vous rappelle ainsi le passé.
          Le passé ! A Réaumur, on prie, on offre à Dieu ses sacrifices, grands et petits imposés par les mille épisodes de notre pauvre existence terrestre. Vous-même, M. l’abbé, occupez tous vos loisirs à prier. Par la pensée, par le cœur, vous êtes déjà tout à Dieu.
         Maintes fois aussi, au cours de vos vacances, je vous ai vu descendre le sentier qui conduisait vers la chapelle Sainte-Marie. Maintes fois, dans l’intimité du modeste oratoire, vous vous êtes confié à votre Mère du ciel.
         D’ailleurs, Notre Dame de Réaumur ne mérite-t-elle pas en quelque sorte le titre de Notre Dame du Sacerdoce ?
         L’antique et gracieuse légende nous le dit: Quand les chevaliers, retour de lointaines expéditions eurent reçu de Marie les bienfaits qu’ils avaient demandés, l’un d’eux, le chef, fit vœu de consacrer sa vie à Dieu et d’élever une chapelle à sa Mère. Et il devint, ajoute la légende, le premier prieur de Réaumur. Ainsi le culte de Notre-Dame de Réaumur est la conséquence d’un vœu sacerdotal. Et je me plais à penser et à croire que les âmes des preux d’autrefois ont dû bien souvent vous accompagner, vous protéger et qu’en ce jour il y a grande joie parmi elles au ciel.
        Ici, une autre privilégiée de Marie, votre cœur a deviné son nom(3), dans l’intimité de sa vie religieuse, obtenait par son dévouement, ses sacrifices, ses prières des grâces particulières en votre faveur. Et là-bas, très loin sur la terre sacrée de Palestine, terre où le seul regard d’un croyant est une supplication et un hommage, dans ces lieux bénis aux noms éternels, là-bas une autre servante du Seigneur dans son monastère adressait au Christ pour vous encore ses ultimes et ferventes prières.
         Et voici que par une ferveur très spéciale, Dieu a voulu que votre première messe soit dite au jour anniversaire de la Résurrection. Grande journée que celle-ci.
         Des siècles ont passé depuis que, dans l’aurore du matin de Pâques une pierre a éclaté là-bas en Palestine. Le monde était grand et la pierre du sépulcre était sur la surface de la terre un bien petit caillou. Il n’y eut pas beaucoup d’oreilles à entendre ce bruit de la pierre qui se soulève. Mais sous cette pierre un homme était couché qui n’était pas seulement un homme, mais le fils même de Dieu.
         Depuis ce matin, le Christ ressuscité ne meurt plus. Il vit en son Église, il vit en tous ceux qui lui ouvrent leur cœur, il vit dans nos églises, grâce à ses prêtres. Et ce matin à votre prière, la blanche et fragile hostie est devenue le Dieu même de la Résurrection. Il en sera ainsi chaque jour. Bientôt vous nous quitterez pour aller remplir auprès des âmes votre tâche sublime.
         Aux joies mêmes de votre sacerdoce, vous désirez ajouter celles qui découlent du contact avec les âmes très pures des petits enfants, tâche héroïque et combien nécessaire.
         Dans tous les postes où Dieu vous appellera, notre pensée rejoindra la vôtre. Vos joies, vos peines seront les nôtres. Dès maintenant nous demandons à Dieu qu’il bénisse votre apostolat, vous accorde toutes grâces, vous soutienne, vous réconforte à l’heure de l’épreuve. Nous demandons tout cela au Maître. Vous n’oublierez pas aussi de prier pour nous, pauvres combattants souvent meurtris au cours de la lutte quotidienne et inévitable. Nous avons besoin nous aussi de prières et de consolations. Vous demanderez à Dieu pour nous la miséricorde et le salut.
         Vous lui demanderez enfin que parmi cette jeunesse que vous avez bénie ce matin naissent des vocations comme la vôtre. C’est le vœu intime de nous tous ici. Que Dieu le bénisse encore et le transforme bientôt en heureuse réalité.
 
 
(1) George BRIANCEAU a habité à la Gabardière de Réaumur. Il fut curé de la paroisse Saint-Jean à Fontenay le Comte.
(2) L’abbé Roturier, né en 1907, décédé en 1936, a habité à la Boissière de Réaumur. Il fut curé de la paroisse de Noisy-les-Bains, au diocèse d’Oran en Algérie.
(3) Il s’agit d’Augustine BRIANCEAU, sœur de l’abbé BRIANCEAU qui, ayant obtenu la guérison à Lourdes, est partie comme clarisse (religieuse franciscaine de l’ordre contemplatif de Sainte Claire d’Assise) à Nazareth.  
 
Ernest THOMAS est né le premier juillet 1896, à l’Antézière de Réaumur, de Ernest THOMAS et de Marie, née Grégoire, sa mère, cultivateurs. Il décèdera le 10 janvier mille neuf cent soixante quatre à l’âge de 67 ans. Il resta 20 années au service de l’école privée Sainte Thérèse de Réaumur (1928-1948) et occupa aussi la fonction de secrétaire de mairie.
 
          Voici le témoignage qui lui fut adressé à son départ de Réaumur (Propos dus à Mademoiselle Marie GUILBEAU, adjointe de l’école, et rapportés dans le bulletin paroissial l’Hirondelle, par l’abbé PRUNIER) :
          « Depuis 20 ans, c’est à dire depuis sa fondation en octobre 1928, M. Thomas dirigeait notre école de garçons. Il était très attaché à sa paroisse et à ses enfants. L’annonce qu’il nous fit de son départ, après la mort de ses parents, ne nous surprit qu’à demi. Nous l’aurions cependant gardé très longtemps encore. La Direction de l’Enseignement joignit ses instances aux miennes pour le faire revenir sur la décision qu’il avait prise et qui, dans ses desseins, était irrévocable.
          Ce n’est pas sans de très vifs regrets que nous l’avons vu partir, pour aller vers Tours continuer son œuvre d’éducation auprès des petits enfants de cette ville.
          Que l’humble voix de notre bulletin lui porte toute la gratitude que je lui dois moi-même et toutes les familles pour le dévouement incessant avec lequel il s’est donné à sa tâche d’éducateur, pour la compétence professionnelle avec laquelle il l’a remplie auprès de nos enfants pendant ses 20 années. Ses nombreux élèves ne l’oublieront pas; c’est mon vœu et le sien, qu’ils gardent fidèlement les leçons qu’il leur a données par sa parole et son exemple. Il n’est pas de notre ressort, puisqu’il s’agit de la commune, de dire les nombreux et obligeants services qu’il a rendus en toutes occasions comme secrétaire de mairie, souvent à contretemps de son travail de classe. Invité aux adieux que le Conseil municipal avait tenu à lui adresser, je fus l’auditeur édifié d’un beau discours, que le Maire, M. BRETAUDEAU, fit en son nom et au nom de tous ses collègues, le témoin aussi de la remise qui lui fut faite d’un précieux souvenir en témoignage de son inlassable activité.
           Nos vœux et nos prières l’accompagnent dans son apostolat. Qu’il sache que la porte de tous les cœurs lui reste ouverte ici, et que nous le verrons revenir chez nous et chez lui avec la plus vive satisfaction. »
 
           Au décès de M. Ernest THOMAS, dans la nuit du 9 au 10 janvier 1964, suite à une crise cardiaque qui le menaçait depuis plusieurs mois, l’Hirondelle lui rendra hommage, par la plume de l’abbé LAFONTAINE :
           « Très souvent, surtout durant ses vingt années de dévouement à Réaumur, il fut le chroniqueur du Bulletin Paroissial. Il paraît normal de faire figurer ici quelques lignes de ce qui est son testament spirituel : les consignes qu’il adressait aux élèves de l’école Notre-Dame de la Tourtelière avant de prendre sa retraite :
           « Mettez votre confiance en Dieu. Invoquez la Sainte Vierge tous les jours. Elle vous écoutera, soyez-en sûrs… Nous vivons à une époque inquiétante. Mais Dieu, qui présentement semble exclu de la société, reprendra sa place un jour… Soyez humbles et confiants à la fois… Le monde actuel ne comprend pas toujours notre action… Surtout, surtout ne vous découragez jamais car nous sommes dans le VRAI… »
          « Il avait reçu, il y a quelques semaines, les palmes académiques et la croix d’argent de la reconnaissance diocésaine pour 50 ans de services et de dévouement à l’Enseignement Libre. S’il en a besoin, nos prières l’aideront à obtenir la seule récompense qu’il désirait: celle que le Maître réserve à ses bons et fidèles serviteurs. »
      
             On retiendra aussi la généreuse donation – témoignage de sa dévotion à Marie – faite par M. Ernest THOMAS à la paroisse en 1951 d’une partie de son jardin, pour un monument élevé à la gloire de Notre-Dame de l’Assomption. Cet oratoire existe encore aujourd’hui.