La Chapelle Sainte Marie

La Chapelle Sainte Marie

Avant 1900 :

Cette chapelle Ste Marie était bien humble dans son apparence : pas le moindre vestige d’architecture ; des murs mal crépis, une toiture en tuiles du pays, une petite croix plantée sur le chevet : rien de plus ; humble dans ses dimensions : 6 mètres de longueur sur 3 m 20 de largeur, plus un abri ou ballet de même largeur et de 2 m 50 de profondeur, accoté contre le mur de façade et porté par quatre poteaux de chêne frustement équarris ; humble dans son emplacement qui semble lui avoir été mesuré avec une extrême parcimonie ; car l’un de ses côtés est en bordure sur le chemin, et c’est à peine si l’espace laissé libre devant la porte peut recevoir vingt pèlerins.

Franchissons le seuil du petit sanctuaire et pénétrons à l’intérieur. Pour dallage, un parquet en chêne ; pour vitraux , deux fenêtres cintrées, jadis munies de barreaux de fer, et laissant pénétrer une suffisante lumière, de compte à demi avec la porte en plein cintre, laquelle est à claire-voie à sa partie supérieure ; les murs enduits de stuc sur lequel on a passé une couche de peinture d’un jaune effacé ; un appui de communion en bois de sapin ; un autel roman en pierre de Poitiers ; en arrière du tabernacle, une Vierge Mère (genre espagnol) richement polychromée ; aux cotés de la Vierge, les statues du Sacré-Coeur et de St Joseph ; sur le mur de droite, celles de St Louis de Gonzague, de N.D. de Lourdes, de Ste Philomène et du Bienheureux Montfort ; sur celui de gauche, celles de Ste Anne et de St François d’Assise ; entre ces statues, un tableau de N.D. du Perpétuel Secours et quinze petites plaques de marbre, modeste témoignage pour des guérisons ou faveurs obtenues… A quelques pas en amont , toujours sur le bord du chemin, se trouve une fontaine à la source abondante et intarissable, chère à la piété des habitants, et présentant derrière le grillage qui l’enclot, une très curieuse particularité… racontée dans la légende de la chapelle. (extrait de la notice historique de N.D. de Réaumur due la plume du fin lettré E Rafin en 1893).
 
La légende :

« C’était au temps des preux. Un capitaine du pays venait de guerroyer au loin, avec une vingtaine de cavaliers qui composaient sa suite. Ayant fait une longue chevauchée, ils étaient exténués de fatigue, et de plus, torturés par une soif dévorante ; car il faisait, cette année là, une extraordinaire sécheresse. Ils avaient parcouru plus de vingt lieues de pays sans trouver d’eau pour se désaltérer.

Le capitaine cependant s’efforçait de relever le courage défaillant de ses soldats :  « Ayez patience, mes compagnons, leur disait-il ; voici que nous arrivons au pays du Loys : il ne se peut point que nous n’y trouvions pas un peu d’eau ». vain espoir : le Lay lui-même était à sec. Atterré par cette déception et pris de découragement à son tour, le chevalier, la tête penchée sur sa poitrine, semble un instant s’abandonner à de sombres pensées… Mais tout à coup il se souvient qu’on fête ce jour-là le mystère de l’assomption de Marie : sa foi l’inspire, et, dans un élan d’ardente confiance, il s’écrie : « O Vierge Marie, vous si puissante et si bonne, secourez nous dans notre détresse ! Si vous m’exaucez, je vous fait la loyale promesse d’élever une chapelle en votre honneur, sur le lieu même où nous trouverons à nous désaltérer ».

Or , comme il finissait sa prière, et non loin de là, voici qu’il aperçoit deux petits bergers- fillette et garçon- qui, ayant laissé leur troupeau sur le coteau des Guichelaines, étaient descendus dans le chemin, et s’occupaient à recueillir, dans de minuscules coupes de glands, quelques gouttes d’eau qui suintaient du rocher. A la vue de ces hommes de guerre, les enfants, intimidés et craintifs, se retirent à l’écart pour leur laisser libre passage. Mais à peine le chevalier a-t-il atteint l’endroit d’où ils viennent de se s’éloigner, qu’il entend retentir comme un grand coup dans le roc, et qu’en même temps- ô merveille!- une gerbe d’eau, jaillissant par dessus la tête de son coursier tombé subitement à genoux, vient frapper et baigner son armure…

En un clin d’oeil, tous les cavaliers ont mis pied à terre et se précipitent avidement vers la source miraculeuse… Etant donnée la foi simple et confiante dont s’honoraient les Chrétiens de ce temps, est-il besoin de dire que le peuple des alentours commença aussitôt à se porter vers la fontaine du miracle…

A peu de temps de là, le loyal et reconnaissant chevalier s’empressa d’édifier la chapelle qu’il avait promise à sa céleste bienfaitrice…(extrait de la notice historique de la chapelle).
 
La rénovation en 1900 :

Pour des besoins pratiques, la chapelle fut rénovée après la quête réalisée par le curé de l’époque, M. l’abbé Pajot, près des habitants de la paroisse. Deux cent cinquante journées de terrassiers permirent de dégager la place où on éleva du 16 mai au 16 septembre, un monument de style ogival de 9 m 10 de longueur sur 4 m 60 de largeur. Le maçon fut Ludovic Chais ; le charpentier Gustave Marot.

L’inauguration et la bénédiction de la nouvelle chapelle se sont déroulées le 13 septembre. Cette journée est développée dans la notice historique de la chapelle.

 

 

 

2018 : Inauguration de la chapelle Notre Dame rénovée

Depuis l’année 1900, date de son agrandissement, la chapelle Sainte Marie élevée près des rives du Grand-Lay, en bordure du Bosquet des Guichelaines, n’avait pas connu de réels travaux d’entretien. Les morsures du temps avaient,  au fil des années, mis à mal sa toiture, sa voûte et ses statues. De tout temps, le petit sanctuaire recevait la visite des fidèles réaumurois et de la contrée, ainsi que des touristes de passage. Elle continuait à rassembler de nombreux pèlerins par son traditionnel  pèlerinage de début septembre. Qu’allait-elle devenir si aucune intervention n’était envisagée? En mars 2016, la municipalité a voulu sauvegarder ce lieu chargé d’histoires en étudiant les possibilités de sa restauration. Le coût des travaux présenté à la municipalité s’élevait à 73 540 € 00 H.T. Ce montant était considérable pour les finances communales, il fallait rapidement trouver un moyen de financement sans gréver trop lourdement le budget. A la fin du mois de mars 2016, Marie-Eugène HERAUD, délégué départemental de la Fondation du Patrimoine, François GARRET, délégué du Pays de Vendée et James LOUIS Maire de la commune ont signé une convention pour le lancement d’une souscription afin de récolter des dons pour le financement des travaux. Des affiches et des tracts munis d’un QR code ont permis une souscription en ligne. Les donateurs ont eu la possibilité de libeller leur chèque à l’ordre de la Fondation du Patrimoine qui allait gérer les dons. Le lancement de la souscription a été relayé par le journal Ouest-France paru le 25 mars de cette année. La petite chapelle va recevoir des visites jusqu’à la fin de l’année 2017, notamment lors de son pèlerinage qui a rassemblé plus de 400 personnes. Le 12 décembre 2017, le même journal annonce le début des travaux de rénovation et l’interdiction de l’accès à la chapelle au public. Le coût des travaux va s’élever à 90 373 € 00 TTC.

L’hiver 2017-2018 a été particulièrement humide et a retardé sensiblement l’avancée des travaux, notamment des peintures intérieures qui se termineront fin août 2018. Les réaumurois feront part de leur impatience de retrouver le chemin de la chapelle. Le 7 mai 2018, le journal relate l’état d’avancement du chantier, mais souligne que l’accès à la chapelle reste interdit. En août, pour les paroissiens : « Il n’est pas concevable que la chapelle, les gros travaux terminés, soit fermée le jour du 15 août, fête dédiée à la Vierge ». A la demande de l’antenne locale de la paroisse Saint-Antoine des Puys, une ouverture exceptionnelle de la chapelle est accordée par la municipalité pour la fête de l’Assomption. Aussitôt l’édifice refermé, les travaux de nettoyage et d’agencement vont continuer. La chapelle doit être rendue à la ferveur populaire pour le pèlerinage du 9 septembre. Le vendredi 7 septembre, après 10 mois de fermeture nécessaires à la restauration de la chapelle, a eu lieu son inauguration  en présence de Bérangère SOULARD et Hervé ROBINEAU, Conseillers départementaux, Marie-Eugène HERAUD, Délégué départemental de la Fondation du Patrimoine, Daniel CHARNEAU, maître d’œuvre à l’agence Patrimoine et Architecture, des abbés BERNARD et ROY de la paroisse Saint-Antoine des Puys et de Joël PARPAILLON, nouveau maire de la commune. James LOUIS, ancien maire de la commune et signataire du projet n’aura pu voir son aboutissement qui lui tenait à cœur. Il décédera le 28 février 2017 des suites d’une longue maladie.

Les conseillers municipaux enfants (C.M.E.) ont également participé à l’événement, ils ont lu tour à tour la légende de la chapelle.

De la ferveur particulière pour le pèlerinage du 16 septembre 2018

 118 ans après la bénédiction de son agrandissement, l’histoire de la chapelle s’est répétée. Le jeudi 13 septembre 1900, le pèlerinage inaugurait l’agrandissement de la chapelle dédiée à la Vierge. Le dimanche 16 septembre 2018, les organisateurs du pèlerinage estimaient à plus de 500 les pèlerins venus glorifier la Très Sainte Vierge et la remercier des grâces qu’elle leur a accordées. Ils se sont unis les uns aux autres pour affermir leur confiance dans la foi et la pratique courageuse des Vertus de l’Évangile. Les célébrations : La messe et la bénédiction de la chapelle récemment rénovée ont été concélébrées par les abbés Marie-Jo SEILLER, Jean BERNARD, Emile BRAUD et André ROY, assistés de Roger PACREAU et Michel GIRAUD, des diacres originaires de Réaumur. Le départ des sœurs : Par le biais de Vent de Collines, le bulletin paroissial de Saint Antoine des Puys, le départ des 3 sœurs de la congrégation de Sainte Marie de Torfou a été annoncé : c’est plus qu’un départ, c’est une nouvelle aventure pour elles qui s’inscrit dans l’histoire de la congrégation. Les trois sœurs auront illuminé de leur présence durant une longue période (1867 à 2018) à Pouzauges. « Oui, magnifique est le Seigneur qui nous donne de vivre l’au-revoir aux sœurs de la communauté de Pouzauges à l’occasion du pèlerinage à Notre Dames de Réaumur. En effet, c’est ici, à Réaumur, que les sœurs de Sainte Marie sont arrivées pour la première fois dans le diocèse de Luçon en 1838, il y a 180 ans… », précise sœur Anne-Marie DEPRET, Responsable régionale de la congrégation.

Le souvenir du dévouement des sœurs de Torfou à la paroisse de Réaumur se trouve encore au cimetière de la commune.  L’une d’elles, sœur Marie Sainte Euthyme, née en 1848, a été employée pendant 40 années à l’éducation des jeunes filles de l’école Sainte Marie à Réaumur. Elle est décédée en 1915 à l’âge de 67 ans. Sa tombe a été conservée jusqu’à ce jour.

 A la fin de la cérémonie, les abbés et diacres sont allés bénir le petit sanctuaire magnifiquement restauré après avoir écouté les enfants de catéchèse raconter la légende de la chapelle. 

Quelques témoignages :

Cette journée historique a été partagée par un ancien habitant et voisin du sanctuaire : « Cette petite chapelle est pour nous un repère des plus précieux, un marqueur de foi, de vie. Ce sont les âmes pieuses de nos aïeux qui sont ainsi vénérées, c’est le fervent murmure de leurs prières qui est perpétué, et la nécessaire restauration de la chapelle qui a été entreprise est un hommage rendu à la Vierge, mais aussi à la mémoire de ceux qui sont venus se recueillir en ces lieux », écrit Jean-Yves MERLET depuis la Thaïlande. Il habitait à 200 mètres de la chapelle, au village du Lay.

Jacques BLAY, un autre ex-réaumurois a voulu aussi témoigner : « La chapelle Sainte Marie et son pèlerinage ont profondément marqué ma vie. Depuis plus de 50 ans, lors de mon passage à Réaumur, je n’ai jamais manqué d’aller m’y recueillir… Quant à moi, en situation de graves dangers dans la marine, ou en Afrique du nord, je dois probablement la chance d’être en vie à la très Sainte Vierge Marie. »

 

Durant les travaux

Un reliquaire en forme de cœur a été trouvé aux pieds de la Vierge dans le chœur de la chapelle. Un message manuscrit, au crayon de bois, a été trouvé à l’intérieur : « Je me donne tout entier à vous sainte bonne Mère et toute ma famille. Veillez sur nous ».

 

D’où provient ce reliquaire en vermeil ? Et de qui est le message ?

En consultant les archives paroissiales, il y est relaté qu’en l’année 1859, à l’occasion de la bénédiction des nouveaux vitraux du chœur de l’église, une seconde bénédiction eut lieu à la chapelle N.D. pour la consécration de la paroisse à la Vierge et qu’un reliquaire a été bénit à cette occasion. Il était le don de Mme Veuve Poisson des Essarts.

Quant au message glissé à l’intérieur, il ressemble à s’y méprendre aux propos tenus par le R.P. BARRON lorsqu’il s’adressait à la bonne Mère. Il aurait pu être déposé à l’occasion de la venue du R.P. pour la prêche du pèlerinage en 1928, ou en 1982, à l’occasion de ses Noces d’Or sacerdotales où il fit déposer un ex-voto de reconnaissance à Notre Dame : « Merci Ô Mère, vous avez fait le bonheur de ma vie ».

Mais l’auteur de ce message sera t-il un jour réellement identifié ?